Les navires les plus imposants naviguant dans l’Union Européenne devront désormais intensifier leur utilisation de carburants écologiques tels que l’hydrogène, et réduire leurs émissions de carbone de 80% d’ici 2050, par rapport à 2020. L’accord stipulant cette nouvelle réglementation a été trouvé le 23 mars dernier, suite à des négociations entre les eurodéputés et les représentants des différents États membres. Cette décision vise à réduire considérablement l’impact environnemental des navires en activité dans l’UE, et à contribuer ainsi à la lutte contre le changement climatique.
L’Union européenne a adopté un texte le jeudi 23 mars qui définit les modalités de la décarbonation du transport maritime. Les navires de plus de 5 000 tonnes seront obligés d’acheter des « droits à polluer » correspondant à leurs émissions pour les inciter à se verdir. Le secteur maritime est responsable de 3 % des émissions mondiales et les émissions des plus gros navires devront être réduites de 2 % en 2025 par rapport à 2020, puis de 14,5 % en 2035 et 31 % en 2040.
Les navires d’au moins 5 000 tonnes, qui fonctionnent essentiellement au fioul lourd et sont responsables de 90 % des émissions de CO2 du secteur, seront soumis à cette exigence. La possible inclusion des navires plus petits sera cependant étudiée « d’ici 2028 ». Les trajets dans l’UE seront entièrement inclus, mais les voyages en provenance et à destination de pays tiers seront comptabilisés à 50 % pour limiter les « fuites de carbone » hors d’Europe.
La part des « carburants renouvelables d’origine non-biologique » devra s’élever à 2 % à partir de 2024 pour concrétiser ces objectifs. Les transporteurs maritimes y recourant pourront bénéficier jusqu’en 2035 de crédits supplémentaires pour compenser leurs émissions. Les porte-conteneurs et navires de croisière devront utiliser l’alimentation électrique à terre lorsqu’ils sont à quai « dans les principaux ports » de l’UE à partir de 2030 pour limiter la pollution atmosphérique, une obligation étendue après 2035 à tous les ports européens, s’ils sont équipés.
L’eurodéputé Jörgen Warborn, rapporteur du texte, a souligné que ces règles « obligeront les autres régions (du monde) à agir ». L’eurodéputé Pierre Karleskind se réjouissait de la reconnaissance de la propulsion à voile « comme technologie efficace pour décarboner ». Cependant, l’ONG environnementale Transport&Environment a salué « le début de la fin pour les navires sales au mazout », tout en déplorant « des lacunes du texte pouvant laisser perdurer l’usage de biocarburants ou carburants bas-carbone » dommageables au climat.