Incertitude ukrainienne : marché céréalier nerveux

Un marché céréalier "nerveux" face à l'incertitude du corridor ukrainien

Les opérateurs des marchés agricoles ont réagi avec un mélange de soulagement et de déception suite à l’accord entre la Russie et l’Ukraine concernant la prolongation du corridor maritime. D’un côté, cette décision a rassuré les investisseurs, qui craignaient une rupture des échanges commerciaux entre les deux pays. D’un autre côté, la durée de ce prolongement, fixée à seulement 60 jours pour l’instant, a eu un impact sur la volatilité des prix. En effet, les marchés agricoles étant très sensibles aux variations de l’offre et de la demande, cette incertitude sur la durée de la prolongation a entrainé une certaine instabilité des prix. Les opérateurs du marché agricole sont donc dans l’attente d’une décision définitive quant à la durée du corridor maritime, qui permettra de stabiliser les prix et d’éviter une trop forte variation des échanges commerciaux entre la Russie et l’Ukraine.

Les opérateurs du marché des céréales commencent à être nerveux face à la situation actuelle. La baisse des prix des céréales, amorcée il y a un mois, a été stoppée net. Le marché européen a vu le cours de la tonne de blé tendre descendre le 10 mars à son plus bas niveau en 13 mois pour ensuite se stabiliser autour de 268 euros. Le maïs suit la même tendance et remonte légèrement pour atteindre les 264 euros la tonne sur Euronext. La Russie a proposé de prolonger l’accord sur les exportations agricoles ukrainiennes, qui expire le 18 mars, pour 60 jours (contre 120 dans les périodes précédentes), une offre critiquée par Kiev qui y voit une remise en question de l’entente initiale.

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Cette « Initiative de la mer Noire » signée entre Kiev, Moscou, l’ONU et la Turquie a permis depuis le 1er août de sortir plus de 24 millions de tonnes de céréales et oléagineux (tournesol) d’Ukraine, limitant l’aggravation de la crise alimentaire qui frappe de nombreux pays importateurs fragiles. En divisant la durée de l’accord par deux, Moscou maintient la pression sur Kiev pour voir améliorer un second accord parallèle pour faciliter ses propres exportations de céréales et d’engrais, indirectement pénalisées par les sanctions occidentales. La Russie réclame notamment des progrès sur les paiements bancaires, les assurances et l’approvisionnement en ammoniac via l’oléoduc Togliatti-Odessa, selon un négociateur russe.

Pour Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX, la Russie n’aura « pas beaucoup d’autre choix » que de prolonger l’accord, « si elle ne veut pas contrarier des alliés ». Notamment la Chine, qui a intérêt au maintien du corridor, étant « un des plus gros clients de l’Ukraine pour le maïs ». L’incertitude sur le corridor et surtout la baisse des cours ont incité les acheteurs à revenir plus tôt que prévu. L’Arabie Saoudite, qui avait lancé un appel d’offre pour 480 000 tonnes de blé, a finalement acheté un million, en grande partie russe. L’Algérie a acheté 420 000 tonnes de blé et la Tunisie, 234 000 tonnes.

Les experts parlent d’un marché rassuré quant au maintien du corridor, mais qui reste inquiet quant à sa durée. Les hésitations des cours résultent de l’incertitude quant aux intentions de la Russie. En effet, il reste des quantités importantes de grains à sortir d’Ukraine, ce qui explique les fluctuations à la hausse ou à la baisse des cours qui varient jusqu’à 20 fois dans la journée. Les acheteurs sont revenus plus tôt que prévu, ce qui a entraîné une remontée des cours. Toutefois, les opérateurs restent nerveux face à l’incertitude de la situation actuelle.

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